Omar Koreitem est nĂ© au Liban mais est arrivĂ© bĂ©bĂ© en France. Venu Ă la cuisine par passion Ă lâĂąge de 31 ans, il a fait ses premiers pas Ă New York chez Daniel Boulud. Commis aux canapĂ©s, il avait un bon millier de piĂšces Ă prĂ©parer par service. Choc immĂ©diat mais nĂ©cessaire pour apprendre les bases, la rigueur. MĂȘme discipline pendant 2 ans Ă Londres, chez Gordon Ramsay, avant un retour en France avec son Ă©pouse, Moko, ancienne avocate elle aussi convertie sur le tard, Ă la pĂątisserie. Ensemble, ils ont ouvert Mokonuts, en 2015, cantine gastronomique Ă la cuisine spontanĂ©e oĂč se mĂȘlent leurs influences. Le fromage, trĂšs prĂ©sent dans la cuisine levantine, y tient une place de choix.
Liban
Je suis arrivĂ© en France en 1975, jâavais 1 an. Mes souvenirs sont mĂ©tissĂ©s. Mes soeurs et moi mangions français Ă la cantine et libanais Ă la maison. Mon pĂšre adorait cuisiner des recettes typiques, avec beaucoup dâĂ©pices.
MĂȘme si je baignais dans un univers oĂč la nourriture avait une grande importance, je suis venu tard Ă la cuisine. Jâavais 31 ans, je travaillais Ă la mairie de New York aprĂšs des Ă©tudes en sciences politiques. Jâai rencontrĂ© Moko, ma future femme, originaire du Japon. Elle Ă©tait avocate, câest la nourriture qui nous a rapprochĂ©s. Ă 31 ans, jâai dĂ©cidĂ© de devenir cuisinier, Ă 36 ans, elle a dĂ©cidĂ© de devenir pĂątissiĂšre.
Mokonuts, câest Moko et moi, avec deux assistants en cuisine. Nous sommes ouverts en semaine, du petit-dĂ©jeuner Ă lâheure du thĂ©. LâidĂ©e Ă©tait de crĂ©er un lieu convivial, informel, comme Ă la maison, tout en apportant notre expĂ©rience des grandes tables. Mais, au final, on cuisine ce que lâon aime manger, tout simplement. On y met nos goĂ»ts, nos humeurs, des touches libanaises et japonaises mais sans parler de cuisine fusion. Câest une cuisine du marchĂ© qui Ă©volue au jour le jour, au grĂ© des saisons et de nos envies.
Au Liban, on nâa pas beaucoup de fromages, ils sont souvent importĂ©s, de Chypre, dâArmĂ©nie, de Turquie ou de Bulgarie. Ceux que nous avons sont trĂšs souvent utilisĂ©s en sucrĂ©, dans le dessert que jâai rĂ©inventĂ© pour Sweet Cheese, ou dans le knefeh, cheesecake en deux couches, fromage et semoule, passĂ© au four et nappĂ© de sirop.
Il y en a toujours chez nous ! Je voyage souvent au japon avec Moko, le fromage français coĂ»te une fortune et les Japonais en mangent peu. Au bout dâune semaine, je ressens un manque qui me donne des dĂ©mangeaisons ! Câest inscrit en moi, il faut que jâen mange rĂ©guliĂšreÂment. Jâaime tous les fromages, le gruyĂšre, que jâaime surtout cuisiner, et plus spĂ©cifiquement les fromages forts et coulants mais avec une certaine subtilitĂ©, Mont dâor, Saint-Marcellin, Saint-FĂ©licien.
Quand on mâa proposĂ© de crĂ©er un dessert de mon pays Ă partir dâun fromage français, jâai tout de suite pensĂ© au Halawat el jebn. En arabe, ça veut dire « fromage sucrĂ© », « sweet cheese » en anglais ! Au Liban, on utilise un fromage typique que lâon ne trouve pas en Europe, lâAkawi, ou fromage de Saint-Jean dâAcre. Il ressemble un peu Ă la mozzarella, en moins salĂ©, et il fond quand on le cuit. Jâai dĂ©cidĂ© de le remplacer par du Mont dâOr, lâun de mes fromages prĂ©fĂ©rĂ©s. Il a un goĂ»t trĂšs particulier quand on le chauffe, ce que lâon fait volontiers en France, avant dâajouter des truffes, des noix ou du miel. Jâaime aussi sa texture, quâil retrouve aprĂšs cuisson. Les Libanais sont ouverts dâesprit sur les goĂ»ts nouveaux, moins quand on touche Ă la tradition. Si on ne dit pas que câest un Halawat el jebn, ce dessert leur plaira beaucoup.
Mokonuts
5 rue Saint-Bernard
75011 Paris
+33 (0)9 80 81 82 85
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