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France

Le goĂ»t de manger est arrivĂ© tĂŽt, celui de cuisiner plus tard. Chignon bricolĂ© Ă  la va-vite et allure juvĂ©nile, Elsa Marie semble avoir trouvĂ© sa place. AprĂšs un long voyage aux antipodes, elle est revenue Ă  Paris, dĂ©sormais cheffe du restaurant La Vierge. « Un lieu convivial, dĂ©tendu, abordable et oĂč l’on mange bien, parce que c’est possible », prĂ©cise-t-elle. EngagĂ©e pour une agriculture durable, elle source ses produits avec soin, cuisine le midi des assiettes vives Ă  prix doux, et laisse Ă  son mari, Julian, les tapas et plats Ă  partager du soir. Pour Sweet Cheese, elle a redĂ©couvert l’Abondance, et on ne s’en plaint pas.

Comment est né votre goût pour la cuisine ?
Elsa Marie :

J’ai grandi Ă  la campagne. Ma mĂšre travaillait mais se mettait aux fourneaux, on mangeait trĂšs bien, on avait toujours entrĂ©e, plat, dessert. Ça a dĂ» avoir un impact sur moi mais je n’ai pas cuisinĂ© avant l’ñge de 18 ans. Je faisais des Ă©tudes de lettres, finis les petits plats de maman, j’ai commencĂ© Ă  faire Ă  manger pour moi et mes copains. C’est devenu obsessionnel et je me suis dit que je pouvais avoir ma place dans cet univers. J’ai suivi les cours de l’école Ferrandi pendant 1 an. Au dĂ©part, je voulais intĂ©grer leur classe supĂ©rieure mais j’étais dĂ©jĂ  bac+3, j’ai eu envie de plonger dans le grand bain.

Les débuts ont-ils été faciles ?
Elsa Marie :

Au bout de 3 semaines, j’ai su que ce n’était pas pour moi. C’est un mĂ©tier terrible, avec des horaires impossibles, on est mal payĂ©, on nous parle mal. Mais, en mĂȘme temps, ça me plaisait vraiment, c’était le seul endroit oĂč je ne voyais pas le temps passer, j’apprenais tous les jours. Mais j’aurais pu arrĂȘter, pour avoir du temps pour moi, pour Ă©crire plus.

Pourquoi avoir persévéré ?
Elsa Marie :

J’ai rencontrĂ© GrĂ©gory Bach et Florent Ciccoli, qui ont plusieurs restaurants Ă  Paris. J’ai trouvĂ© une mentalitĂ© trĂšs diffĂ©rente. Ils sont trĂšs humains, ils font confiance, ils laissent de la libertĂ©. J’ai travaillĂ© chez eux pendant 2 ans, aux PĂšres Populaires. Et aujourd’hui, je suis cheffe de leur nouveau restaurant, La Vierge.

"Le fromage est une addiction pour moi"
Entre temps, vous avez pris le large

Elsa Marie :

Les cuisiniers finissent toujours par tourner en rond, ils pensent qu’ils trouveront mieux ailleurs. J’allais avoir 30 ans, j’ai eu envie de partir trĂšs loin, oĂč il fait chaud, oĂč la vie est facile. J’ai pris un gros sac Ă  dos, direction l’Australie. J’ai un peu cuisinĂ© mais je me suis surtout intĂ©ressĂ©e Ă  la permaculture, Ă  la biodynamie.

Et le fromage, dans tout ça ?
Elsa Marie :

En Australie, j’ai trouvĂ© un mari, Julian, chef lui aussi. Il revenait de France et voulait y retourner, en Auvergne pour la cuisine et les fromages. Chez lui, on a la volontĂ© de faire du fromage mais ça n’est jamais un franc succĂšs. Aujourd’hui, Ă  chaque fois que l’on discute avec Julian de l’endroit oĂč l’on pourrait vivre, on est toujours d’accord : il faudra qu’il y ait du fromage !

Dites : « Sweet Cheese »
Elsa Marie :

Le fromage est une addiction pour moi et l’Abondance l’un de mes fromages prĂ©fĂ©rĂ©s, mĂȘme si je l’avais un peu oubliĂ©. Il se rapproche du ComtĂ©, en plus fruitĂ©, plus crĂ©meux et plus long en bouche. J’ai voulu le travailler dans un dessert en plusieurs textures. Il se retrouve dans la crĂšme fouettĂ©e mais aussi glacĂ© et rĂąpĂ©. Les poires sont pochĂ©es et j’y ajoute un crumble au romarin, dont j’aime bien l’amertume. Je suis rĂ©ticente sur le sucrĂ©-salĂ©, il y a une Ă©poque oĂč on essayait de tout mettre en dessert, du sorbet au foie gras ou au camembert. Je ne dĂ©nature pas souvent le fromage mais lĂ  c’était un beau dĂ©fi, intĂ©ressant Ă  relever. Quand j’ai imaginĂ© la recette, on Ă©tait en hiver, on avait des poires exceptionnelles, Louise Bonne, Comice, ConfĂ©rence, ça a marchĂ© tout de suite. Je voulais du fruit pour contrebalancer la puissance du fromage.

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Les infos utiles

La Vierge

58 rue de la Réunion

75020 Paris

www.alaviergedelareunion.fr

+33 (0)1 43 67 51 15

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